La transition : ce qui se déplace sans toujours se dire
- Marina KM

- 15 juin
- 4 min de lecture
Il y a des moments dans la vie où rien n’a encore changé,
et pourtant, tout commence à se déplacer.
À peine perceptible.
Et pourtant déjà là.
Ces dernières semaines, j’ai senti quelque chose bouger.
Quand ça bouge sans faire de bruit
Parce qu’un lieu va se fermer.
Parce qu’un autre s’ouvrira.
Parce qu’un cycle s’achève.
Et il ne s’agit pas seulement de logistique,
mais d’une transformation plus profonde, plus intime.
Un mouvement intérieur, qui ne se voit pas tout de suite.
Mais qui agit, en profondeur.
Comme un souffle qu’on ne maîtrise pas,
mais qui traverse quand même.
Ce qui se met en mouvement en séance
Je retrouve quelque chose de ce mouvement en séance.
Lorsque la personne se questionne,
s’interroge sur ce qu’elle ressent,
pressent qu’un équilibre se déplace,
ou sent que certains repères ne fonctionnent plus “comme avant”.
Quand elle cherche à comprendre,
à assembler ce qui semblait épars,
à écouter un inconfort sans encore savoir quoi en faire.
Ce n’est pas toujours nommé.
Parfois à peine formulé.
Mais cela se devine
dans la posture,
dans le rythme,
dans ce qui, doucement, cherche à se dire autrement.
La transition : quand tout bouge sans se voir
On parle de transition,
quand rien ne semble changer,
et que tout, pourtant, se transforme.
Ce n’est pas un passage que l’on coche.
Ce n’est pas une étape que l’on décide.
C’est un mouvement.
Parfois discret.
Souvent intérieur.
Et c’est précisément pour cela qu’il est si bouleversant.
Parce qu’il ne se voit pas toujours.
Parce qu’il vient nous toucher, là où nous pensions être stables.
Un mot.
Un silence.
Un départ, parfois.
Ou simplement un espace en soi
qui ne résonne plus tout à fait comme avant.
Ce qui change autour vient souvent déplacer quelque chose en nous.
Un lieu que l’on quitte.
Un enfant qui grandit.
Un emploi du temps qui se modifie.
L’arrivée de l’été.
Ou parfois, juste une habitude qui ne nous convient plus.
Un rendez-vous qu’on repousse.
Un endroit familier qui ne nous accueille plus tout à fait comme avant.
Et parfois, ce qui bouge prend la forme d’une séparation.
Douloureuse, attendue, choisie… ou non.
Parfois nette. Parfois floue.
Mais toujours, quelque chose cesse d’être comme avant.
Cela peut être une séparation d’un lieu, d’un rythme,
d’une relation, d’un rôle.
Ou plus silencieusement, d’une part de soi
qui ne répond plus comme avant.
Les signes d’un changement intérieur
Dans ce que j’entends en séance,
ces moments sont rarement identifiés comme tels au départ.
Ils prennent la forme d’une fatigue,
d’un éparpillement,
d’une sensation de vide ou d’irritabilité.
Comme si quelque chose ne tenait plus,
sans savoir encore quoi.
Ces mouvements extérieurs, visibles ou discrets,
viennent doucement bousculer l’intérieur.
Et ce n’est pas tant ce que l’on quitte,
ni ce vers quoi l’on va,
mais ce qui, au-dedans, se transforme en chemin.
Et ce chemin-là, bien souvent, s’accompagne de peur.
La peur ne dit pas “non” : elle interroge
Elle peut surgir par petites touches.
Un inconfort.
Une hésitation.
Une fatigue qui n’était pas là.
Pas une peur qui fige.
Mais une peur qui questionne.
Est-ce bien le moment ?
Suis-je prêt(e) à ce mouvement ?
Que vais-je perdre…
et qu’est-ce que je ne sais pas encore que je vais gagner ?
Ces peurs ont toute leur place.
Elles racontent quelque chose.
Elles parlent du sens.
De ce à quoi nous étions liés.
Et de ce à quoi nous allons peut-être pouvoir nous relier autrement.
Traverser sans précipiter
Dans ces passages, il n’y a rien à forcer.
Rien à résoudre.
Rien à précipiter.
Mais cela ne veut pas dire que c’est simple.
Car ce mouvement, parfois, déstabilise.
Il interroge ce qui semblait acquis.
Il brouille les repères.
Cela demande parfois de ralentir.
De reconnaître qu’on ne sait pas encore.
Et ce n’est pas toujours évident.
Mais, pas à pas,
en observant ce qui se déplace,
on commence à en percevoir la nécessité.
Observer, c’est déjà faire un pas.
C’est commencer à mettre de la lumière
sur ce qui semblait flou.
Et peu à peu, cette conscience qui émerge
rassure.
Elle ancre.
Alors on avance.
À son rythme.
Pas après pas.
En apprenant à marcher avec le mouvement,
plutôt que contre lui.
Dans ma pratique, je suis souvent témoin de cette bascule.
Quand on ne cherche plus à revenir à ce qui était.
Mais qu’on commence, en douceur,
à se laisser traverser.
C’est là que surgit autre chose.
Pas une réponse.
Mais une présence.
Et peut-être que vous aussi…
… vous sentez quelque chose qui se déplace.
Même si ça ne dit pas encore son nom.
Dans le lien.
Dans le rythme.
Dans ce qui ne fonctionne plus “comme avant”.
Il n’y a rien à forcer.
Mais peut-être quelque chose à écouter.
Alors peut-être que cette lecture aura été une ponctuation.
Ou une ouverture.
Un miroir.
Un écho,
à ce que vous êtes en train de traverser.




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